Noir
Il est admis que les Pauvres n'ont pas de goût. Rares sont ceux d'entre eux qui, en effet, possèdent en leur intérieur une toile de maître. Leur nombre n'était guère plus élevé à la Scala de Milan au coup d'envoi de l'actuelle saison, présentant le Don Carlo de Verdi. Et que dire de leur destination de villégiature estivale cantonnée à quelques campings surchargés, noyés dans les vapeurs d'anisette et de sudation de voisins bruyants et récurrents. Ainsi, le moyen de déplacement du Pauvre oscille davantage entre le RER bondé et la guimbarde fumante, qu'entre la finesse ciselée d'un cabriolet de sport ou une nippone hybride. Le cours du Pauvre semblant actuellement indexé sur celui du baril, il suscite nombre de convoitises. D'où la louable initiative d'un loueur d'autos qui a tenté de placarder ces jours derniers l'évidence. " Les Pauvres sont dégueulasses, ils polluent ". Réclame mort-née sous des flots d'indignations courroucées. Cachons cette pollution que nous ne saurions voir.
La rédaction