FRANCFORT (AFP) - L'emblématique patron du constructeur DaimlerChrysler (Xetra: 710000.DE - actualité) , Jürgen Schrempp, va quitter son poste plus tôt que prévu, le 31 décembre prochain, une décision surprise qui intervient sur fond de critiques incessantes sur les ratés de sa stratégie d'expansion.
Après 44 années de services, dont dix à la présidence du directoire, M. Schrempp quitte le groupe d'un commun accord avec le conseil de surveillance, a annoncé jeudi le constructeur.
Il sera remplacé à partir du 1er janvier 2006 par le patron de la filiale américaine Chrysler, Dieter Zetsche, 52 ans.
M. Schrempp, 60 ans, part trois ans plus tôt que prévu. Son contrat avait été prolongé en février dernier, jusqu'en avril 2008. Il renonce à ses indemnités de départ et n'entend pas, comme c'est l'usage, briguer un poste au conseil de surveillance.
"J'ai décidé en accord avec le conseil de surveillance que la fin 2005 était le moment optimal pour un changement à la tête de l'entreprise", a justifié M. Schrempp lors d'une conférence d'analystes.
"Personne ne m'a approché pour me pousser à partir", a-t-il insisté. "Nous en discutions depuis longtemps. Je suis fier que nous ayions pu garder le secret, c'est un chef d'oeuvre", s'est-il réjoui.
L'hebdomadaire économique Wirtschaftswoche avance une autre version: M. Schrempp a été poussé vers la sortie par le conseil de surveillance après une série d'échecs cuisants. Le président de l'organe de contrôle, l'ancien patron de la Deutsche Bank Hilmar Kopper, un des principaux soutiens de M. Schrempp, serait lui aussi sur la sellette, ajoute le magazine. Cette information a été démentie par DaimlerChrysler.
Le siège de M. Schrempp avait déjà vacillé l'an dernier. Il avait finalement été confirmé dans ses fonctions après avoir dû répondre en détail des ratés de sa stratégie d'expansion.
Jürgen Schrempp, l'un des patrons les plus en vue en Allemagne, était critiqué violemment par les analystes et les actionnaires pour la stratégie ambitieuse d'acquisitions qu'il avait mise en oeuvre depuis son arrivée à la tête du groupe.
Sous sa direction, le constructeur avait racheté l'américain Chrysler et pris des participations dans le constructeur japonais Mitsubishi Motors et le sud-coréen Hyundai.
Cette stratégie s'est soldée par plusieurs revers cuisants. En Asie, il a dû couper les vivres l'an dernier à Mitsubishi. Il a dû également vendre sa participation dans Hyundaï, qui craignait de perdre son indépendance.
Le bilan est tout aussi mitigé en Allemagne où DaimlerChrysler doit batailler avec les difficultés de sa filiale haut de gamme Mercedes.
Ces échecs ont lourdement pesé sur le titre à la Bourse de Francfort. Depuis cinq ans, il a dévissé de près de 40%.
Du coup, les opérateurs saluaient la nouvelle. Vers 13H20 GMT, le titre grimpait de 10,40% à 40,10 € à Francfort, sur un indice des valeurs vedettes Dax (Xetra: actualité) en hausse de seulement 0,74%.
"C'est toujours une bonne chose quand quelqu'un dont la stratégie a échoué part", jugeait Fabian Kania, de la banque Helaba.
"Le rêve de M. Schrempp de construire un groupe à dimension mondiale a échoué depuis longtemps", renchérissait la société de petits porteurs DSW.
M. Zetsche, choisi "personnellement par M. Schrempp" selon le groupe, va pouvoir s'appuyer sur des bases relativement saines. DaimlerChrysler a en effet publié jeudi des résultats nettement supérieurs aux prévisions des analystes au deuxième trimestre, grâce aux performances solides de Chrysler et de la division de poids lourds.
Le bénéfice net a grimpé de 28% à 377 M EUR sur la période, pour un chiffre d'affaires en hausse de 4% à 38,4 mds EUR.
Tant mieux: après Robert Looser, j'espère que nous allons avoir Bob Winner à présent, et que notre étoile fétiche va reprendre du lustre, en commençant par repasser une fois pour toutes devant BMW dans la course aux immatriculations.