mise à jour le 18 avril 2020 en bleu dans le texteBonjour à tous,
Pour mon premier topic, je vais vous parler de la voiture que vous connaissez bien et qui est exposée au Musée Henri Malartre et qui recèle encore quelques petits mystères...
Au Musée Henri Malartre, à Rochetaillée sur Saône près de Lyon, depuis 1969, est exposée un Offener Tourenwagen saisie par la division Leclerc à Berstechgaden en mai 1945.
Cette voiture a une histoire...que nous ne connaissons que très partiellement et tenter d'en savoir plus relève d'une véritable chasse au trésor. Au fil de ces lignes vous comprendrez pourquoi sous ses apparences anodines (pour une 770!), quelques petits mystères restent à élucider.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous ne disposons que de maigres informations, de quelques anecdotes et d’une iconographie qui ne permet de resituer que très partiellement le contexte historique de cette splendide voiture. En effet, à l'inverse de nos amis américains et canadiens, qui pour leur part ont rigoureusement tracé l'itinéraire des 770 amenées Outre-Atlantique, personne, en France, ne semble avoir conservé le moindre souvenir de sa capture.
Il est incontestable que si l’ombre d’Hitler affecte la beauté majestueuse de cette Mercedes, elle ne peut toutefois pas faire oublier que la 770 est parvenue jusqu’à nous grâce à ceux qui au prix de leur courage, ont écrit l’une des plus belles pages de notre Histoire.
1er mars 1941. En prenant Koufra, une oasis du désert Libyen, la 2ème Division Blindée de celui qui n'est encore que le Colonel LECLERC vient de remporter la première victoire française depuis le désastre de 1940. Avec ses hommes, qui ont rejoint comme lui le général de Gaulle après l'invasion de la France par l’armée allemande, il fait le serment de ne plus déposer les armes avant que le drapeau français ne flotte sur Strasbourg. Ce sera chose faite le 23 novembre 1944.
Au début de mars 1945, épuisée par des mois de combat, la 2ème DB est envoyée au repos dans la région de Châteauroux. L'armée rouge a atteint l'Oder. Trois semaines auparavant, à Yalta, l'avenir politique de l'Europe s'est dessiné sans la France. Il devient clair que les Alliés doivent progresser rapidement à l'Est du Rhin s'ils veulent équilibrer les partages politiques qui se préparent. Le repos de la division est rapidement perçu comme une pénitence, et Leclerc intervient inlassablement à tous les échelons pour être envoyé en Allemagne.
L'ordre tant attendu arrive le 22 avril 1945. Si dès le 2 mai, les Russes sont devenus maîtres de ce lieu symbolique qu'est Berlin, Leclerc et ses hommes réussissent le tour de force d'entrer, quarante huit heures plus tard, dans cet autre lieu symbolique qu'est Berstechgaden. Et le 5 mai 1945, les couleurs françaises sont hissées tout en haut du mont Kehlstein.
Parallèllement, ils découvrent beaucoup de matériel roulant dont nombre de voitures et donc plusieurs 770...
Dans l'esprit d'un combattant, plus la prise de guerre est emblématique plus la fierté du soldat est grande. L'on imagine sans peine ce qu'on pu ressentir nos ainés d'avoir ramené la voiture d'Hitler...
Néanmoins, on en sait finalement peu sur les conditions de la saisie de cette 770. Si ce n'est ce court reportage de FR3 Lorraine, dans lequel, un ancien de la 2ème DB, René Grandjean, évoque l'arrivée de la voiture et les réparations qu'il dût entreprendre pour la remettre en route...
L'on sait également que Leclerc fit don de la voiture au général américain commandant le secteur voisin et que ce dernier l'abandonna à Paris dans un garage du Boulevard de Reims avant de regagner les Etats-Unis. Le 5 juin 1946, elle fait l'objet d'un passage aux Mines aux fins de recevoir une immatriculation française en bonne et due forme : 9371 RP 1qui correspond à une immatriculation dans le département de la Seine. On apprend à cette occasion que sa puissance fiscale est fixée à 44cv! Le 2 mars 1949, elle est vendue par la Société Lux Autos, 44ter rue Gersant Paris, à un dénommé Gaston Aubey, organisateur de spectacles à Paris, au 10 rue Saint Lazare dans le 9ème arrondissement. Quelques mois plus tard, le 18 septembre 1949, nous la retrouvons en Charente-Maritime sous l'immatriculation 2554 DG 7. Deux ans plus tard, le 3 septembre 1951, elle gagne le département du Calvados et reçoit l'immatriculation 120 AD 14. Le 2 mai 1952, nous la retrouvons à Goussainville, département de la Seine, après qu'elle ait été acquise par un ancien de la 2ème DB, Edouard Diomgar, et qu'elle se soit vu attribuer le numéro 5260 BE 75.
Elle continua sa carrière lors d'exhibitions au profit d'anciens combattants et victimes de guerre jusqu'au 26 juin 1969 et son entrée au Musée de Rochetaillée. On la voit ici descendre les Champs Elysées en 1953 escortée par des anciens de la 2ème DB, à l'occasion de la Kermesse aux Etoiles organisée au profit des oeuvres sociales de la 2ème DB.
Quelques péripéties émaillèrent les présentations de la voiture. A Amsterdam, un visiteur s'empara d'un des fanions à croix gammée. Poursuivi, le voleur n'eut d'autres ressources que de plonger dans les eaux du port où le fanion disparût. Ailleurs, ce sont les valves de roues qui s'évaporaient, si bien qu'un stock de valve de secours suivait la voiture. Ceux qui ont pensé détenir un accessoire de la voiture d'Hitler en ont été pour leurs frais! Enfin, lorsque l'exhibition avait lieu non loin de la frontière allemande, ce sont des hordes de curieux qui débarquaient d'Outre-Rhin.
Anecdote encore que cet article paru dans un quotidien local en 1952 : "La voiture blindée d’Hitler exposée à la foire de Saint-Pol-sur-Ternoise" La magnifique voiture blindée d’Hitler qui, jadis, semait la terreur sur son passage,est devenue un objet de curiosité. Après avoir été utilisée par le Général Leclerc lors des campagnes d’Allemagne et d’Autriche, elle va maintenant de ville en ville…
Grâce aux A.C.P.G. et à leur président, M. Charles Rulence, la voiture blindée d’Hitler sera samedi (15 mars) à Saint-Pol où les visiteurs de la foire pourront l’admirer et la visiter tout en remplissant la caisse des oeuvres d’entraide des A.C.P.G. Cette voiture, longue de 6 m sur 2 m 14 de large, pèse 4 tonnes 700: elle est propulsée par un moteur 8 cylindres à turbo-compresseur qui peut développer jusqu’à 400 cv. Très luxueuse, elle est en outre blindée par des plaques de 18 mm. Ses glaces sont formées de 7 feuilles de verre de 47 mm, parfaitement à l’abri des balles. Les portières, pesant 500 kg chacune, sont commandées électriquement à l’aide d’un bouton placé sur le tableau de bord. Le siège d’Hitler est surélevé de 15 cm, car le dictateur était petit, mais ne voulait pas le laisser paraître.
Ajoutons que cette voiture sera présentée sur la place de l’ancien Palais de Justice (place Georges-Graux aujourd’hui), c’est-à-dire en face de la nouvelle poste, et rappelons-le, au bénéfice des A.C.P.G.
Henri Malartre avait aperçu la Mercedes pour la première fois à Lyon, dans les années 1950. Le véhicule était sur le plateau d’un camion, sur lequel les organisateurs tendaient une bâche pour abriter les admirateurs. Le fondateur du musée automobile a, dès ce moment-là, voulu que ce véhicule figure dans sa collection. Mais conscient de la difficulté pour l’obtenir, il n’a pu qu’admirer la carte postale qu’il avait achetée lors de l’exposition. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard, qu’Henri Malartre apprendra que la voiture n’était plus « exhibée » et qu’elle était garée chez un ancien prisonnier de guerre, Monsieur DIOMGAR, à Goussainville en banlieue parisienne. L’homme faisait agrandir sa maison. Après d’âpres discussions et surtout une somme d’argent très coquette, le châtelain remporta le marché. C’est ainsi que la voiture de parade d’Hitler est entrée au musée de Rochetaillée, le 26 juin 1969 en même temps que le matériel d'exposition.
On ne peut évoquer cette voiture sans parler d'Henri Malartre, né le 17 décembre 1905 à Saint-Joseph, dans la Loire et mort le 13 novembre 2005 à Lyon. De lui, on n'évoque souvent que son activité dans la démolition automobile qui certes le confronta à des modèles attachants et intéressants au point de vue historique et qu'il se refusa à sacrifier pour les collectionner dès avant la guerre.
Pudique, il évoquait peu son passé de résistant effectuant des transports d’armes et d’imprimés jusqu’en 1944, époque où il est arrêté, torturé et déporté. Devenir le propriétaire de la voiture d'Hitler fût assurément pour lui une revanche.
Sans Henri Malartre, qui sait ce que serait devenue la Mercedes. Aurait elle, comme l'autre 770 ramenée en France, été cédée à vil prix à un collectionneur d'Outre atlantique? Aurait elle fait l'objet de sordides marchandages comme celui qui a conduit une autre voiture du Führer a être vendue pour plusieurs millions d'euros à un russe nostalgique? Aurait elle été détruite au nom de je ne sais quelle requête de ceux qui considérent qu'eux seuls ont souffert. La mémoire d'Henri Malartre doit être saluée. Car Les souvenirs ramenés par les combattants Français doit être sauvegardés en mémoire de leur sacrifice.
Le contexte historique ferait presque oublier de quelle merveilleuse voiture il s'agit.
Dans le numéro 375 de l’Auto-journal, le journaliste Didier Charvet qui a eu ce privilège, livra ses impressions de conduite sur la 770 qu’il avait eu le bonheur d’essayer: "L’on est très bien au volant mais nous avouons que nous appréhendions les réactions de ce monstre de près de cinq tonnes . Au départ, nous sommes un peu déçu : la voiture semble manquer de puissance. Nous apprécions cependant la douceur de l’embrayage et la parfaite maniabilité de la boite de vitesses. Tous les rapports se passent du bout des doigts.
Après une dizaine de kilomètres, moteur chaud, appréhensions oubliées. Nous faisons vraiment connaissance de cette Mercédes. Si l’on n’éprouve aucune impression particulière de puissance, on s’aperçoit vite, par comparaison avec les autres voitures, que les accélérations sont en réalité, brillantes. On oublie que l'engin est blindé! Nous ne sommes pas montés à plus de 130 car l’âge des pneus d’origine nous l’interdisait et le compresseur ne fonctionnait pratiquement pas. Toutefois nos essais nous ont permis de nous faire une idée de l’effet que l’on devait ressentir lorsque la voiture bondissait à plus de 200 à l’heure !
Nous avons emprunté de petites routes sinueuses et c’est là que notre surprise fût la plus grande. Le poids ne comptait pas et ce monstre de six mètres, se manie aussi aisément qu’une Renault Dauphine !
Le confort est exceptionnel. La caisse ne bouge absolument pas, et il faut vraiment de très mauvais pavés pour ressentir les vibrations. La consommation est également étonnante…plus de 50 litres aux 100… La température extérieure assez basse, nous a permis d’apprécier un chauffage d’une efficacité assez rare…"
Au final, Didier Charvet, près de vingt ans plus tard, livrait des conclusions exactement identiques à celles de la revue britannique « The Motor » en mai 1939 ! De quoi faire rougir une Classe S de 2016 bardée d’électronique…
Quelques années plus tard, le même Auto-Journal publiera le compte-rendu d'essai réalisé par Jean-Loup NORY agrémenté d'une superbe vue en éclaté.
Je noterai cependant la grande témérité des essayeurs, lesquels n'avaient sans doute pas été mis au courant qu'il ne fallait pas dépasser les 80 km/h, limite de résistance des pneumatiques pour cette version fortement blindée!
Venons en aux petits mystères de la 770 de Rochetaillée...
A t'elle été utilisée par le Führer?Très probablement même si l'on ne dispose que de bien peu d'éléments tangibles. La présence d'un siège avant rehaussé de 12 centimètres et rabattable, la poignée de maintien situé en haut du pare-brise, sont des éléments caractéristiques des voitures ayant été utilisée par le Führer (lequel était invariablement assis à l'avant droit). N'aimant pas faire de simples affirmations une vérité, je préfère dire "que l'on peut raisonnablement penser que cette 770 a fait partie des véhicules utilisés par Adolf Hitler"
L'autre élement qui m'intrigue, est qu'il n'existe à ma connaissance, aucune photographie de la voiture en situation (c'est à dire avec Hitler à bord). En effet, si de nombreuses photographies sont censées reproduire cette voiture lors de manifestations officielles, et quand bien même le numéro d'immatriculation soit identique, la voiture est différente. En effet, le même numéro pouvait être réattribué à l'issue d'un changement de véhicule.
Même au musée on montre la fausse-vraie IA-103708, une 540K type W24, photographiée à Breslau en 1936. Or la voiture de Rochetaillée est une 770k type W150 et donc postérieure
Modèle 1938 ou modèle 1942?La Directrice du musée a bien voulu me communiquer quelques informations
la voiture du musée porte le numéro de moteur 189 789 correspondant à la commande 297 465 du 22 juillet 1938; elle fût livrée à la Chancellerie du reich à l'été 1939 et portait le numéro de carrosserie 849 503 selon les registres de la marque
or, cette même voiture porte un numéro de carrosserie différent, le 863802 correspondant à la commande 399 777
le numéro de chassis aurait disparu ( tout au moins la plaque correspondante située sur la cloison pare-feu)
J'ai contacté le constructeur qui m'a aimablement répondu qu'il ne donnait aucune information en dehors du propriétaire légal du véhicule; J'ai transmis cette information et les coordonnées de la personne ressource à la Directrice du Musée afin qu'elle puisse résoudre ce problème d'identification.
Pour l'heure j'en suis au stade des conjectures et voici l'analyse que je propose:
Il s'agit d'un modèle 1939 (le 25ème chassis)
En 1942, à la suite de l'assassinat de Heydrich, qui circulait sans escorte à bord d'une Mercédès découverte et non blindée, il est décidé de doter les hautes personnalités de véhicules leur assurant la sécurité maximale : c'est le plan "Aktion P" ( P pour Panzerte soit blindage).
La 770 qui nous intéresse est alors recarossée pour être blindée, ce qui explique que le numéro de carrosserie soit différent. De même, on note la présence de trois charnières de porte contre deux habituellement, ce qui indique un blindage de niveau 2 (alors que la voiture du Musée canadien de la guerre ne dispose que de deux charnières soit un blindage de niveau 1).
Elle gagne au passage des buses de dégivrage extérieures à la base du pare-brise (dégivrage par l'intérieur impossible en raison de l'épaisseur des vitres = 40 à 45 mm)
Pourquoi aucune photo de la voiture en situation?Sur ce point, je vais jeter un pavé dans la mare...
Je me suis fait berner par deux photos que j'ai à premier abord pensé d'époque, sauf que la tenue vestimentaire des curieux qui observent la voiture fait plutôt penser aux années 50. Il aurait été tout à fait plausible d'imaginer également, que les toutes premières w150 reprennent le pare-choc de la série W07 (1930-1938). Enfin, sachant que le système d'immatriculation en vigueur à l'époque était attaché au propriétaire et non à la voiture, il était tout à fait imaginable que l'on ait transféré les plaques de la w24 à la w150. Néanmoins, dès le départ, j'ai eu un doute provenant de l'aspect de la plaque d'immatriculation de la voiture exposée au Musée.
Puis j'ai revisionné la vidéo dans laquelle René Grandjean raconte l'arrivée de la 770 dans son atelier. Cet entretien est illustré par une vidéo INA des années 50/60 dans laquelle on peut bien voir le pare-chocs bilame et la plaque d'immatriculation en IA-103708 (voir ici : https://www.facebook.com/jeanluc.auriacdelmas.1/videos/514068202695746/)
Puis j'ai repris l'observation de la 770 de Rochetaillée et notamment de son pare-chocs monolame à protection en caoutchouc, constatant l'absence de bananes verticales de fixation entre le pare-chocs et l'aile avant et que l'on retrouve pourtant sur toutes les autres w150.
Quant à l'article de R. Bouchardon cité plus haut (Cinq tonnes d'acier pour un dictateur), il évoque de menues réparations et notamment le remplacement du pare-choc avant disparu.
Tout est devenu plus clair et pour comprendre, il faut remonter le temps encore une fois...
Fin avril-début mai 1945, les alliés investissent la Haute Bavière et les environs de la frontière austro-allemande. Ils découvrent beaucoup de matériel roulant dont nombre de voitures dont plusieurs 770. L'une d'entre elles est celle aujourd'hui à Rochetaillée. Quoi de plus naturel que de la réparer et de la rendre présentable pour l'offir au Général Leclerc vénéré de ses hommes. Et puisque le pare-chocs est abimé ou a disparu, il y a tout autour une magnifique banque d'organes...dont la w24 et son magnifique pare-chocs bilame. Qu'importe le numéro d'immatriculation, il n'a plus d'importance! La belle retrouvera ultérieurement un pare-chocs semblable à l'origine mais les conditions dans lesquelle s'opéra la substitution me sont pour l'heure inconnues.
Et l'on en arrive tout naturellement à l'immatriculation, car ce tour de passe-passe autour du pare-chocs a eu les conséquences que l'on devine pour identifier formellement le véhicule comme étant l'un de ceux utilisé par Hitler.
Comme je l'ai déjà écrit, j'avais les plus sérieux doutes sur l'authenticité de l'immatriculation de la voiture du Musée, en particulier à cause de l'absence totale d'iconographie montrant une w150 immatriculée ainsi et avec Hitler à bord. C'était tout bonnement impossible tant l'imagerie est riche en la matière.
On n'imagine pas non plus qu'une si couteuse voiture, qui plus est dôtée d'un blindage d'un tel niveau, ait pu servir aux seules promenades champêtres du Führer.
Un autre doute venait de l'aspect de la plaque d'immatriculation à l'avant, de son positionnement en dessous du pare-chocs et non en dessus, et enfin du fait qu'à l'arrière, le numéro est peint directement sur la carrosserie. Toutes les w150 disposaient d'un solide support de plaque sur fond blanc à l'avant et à l'arrière, les numéros étaient frappés et en relief sur une plaque qui venait se visser sur le support, donnant au tout un aspect soigné et conforme au standing de la voiture.
Enfin, il faut savoir que toutes les 770 de la Chancellerie étaient immatriculées en IA-148 XXX. Or celle-ci est en IA-103 XXX évoque une période antérieure à 1938.
A mon sens la voiture du Musée porte un numéro érroné mais...c'est là que les archives cinématographiques viennent à notre rescousse et tout particulièrement les Deutsche Wochenschau n°548 du 5 mars 1941. Regardons attentivement les 30 premières secondes...
https://dai.ly/x6vcw5w
Nous sommes à Munich, donc non loin de l'Obersalzberg et le Führer descend d'une 770 immatriculée IA-148 655 (148 correspondant à la Chancellerie). Elle dispose bien d'un pare-chocs monolame à bandes caoutchouc, mais pas des bananes verticales de renfort. Comme la voiture de Rochetaillée. Seule différence notable : l'absence de barre centrale porte-phare et la présence d'un Notek. Et comme la barre porte-phare n'a été vue sur aucune 770 mais plutôt sur des 540, on peut penser que lors de l'échange de pare-chocs on a repris et ce dernier et le phare central de la fameuse w24...
Une autre photo d'époque pourrait militer en faveur de cette hypothèse
Néanmoins, cette hypothèse n'est pas totalement satisfaisante!
D'où une deuxième hypothèse, qui voudrait que ce soit l'une des toutes premières 770 livrées à la Chancellerie comme celle-ci qui figure ci-dessous:
En effet, il s'agit bien d'une W150 mais sa ligne est désuéte et peu élégante ( il s'agit de l'un des 7 exemplaires de pré-série). La mise en configuration Aktion P lui aurait apportée une carrosserie modernisée. D'autre part, le Führer a été vu à bord sous le matricule IA-148768. Cette dernière existe toujours, au main d'un collectionneur russe mais on sait qu'au moins deux exemplaires identiques ont été construits( l'autre est en IA-148764). D'autre part, on note la présence d'une barre portant un phare central...
Bref le mystère reste entier